La BMW R 1250 GS, c’est l’épouvantail des motos, la plus vendue en Belgique. En 2020, ce modèle emblématique célèbre ses 40 ans. Nous avons pris son guidon jusqu’au pays des Ballons d’Alsace dans les Hautes-Vosges.

La BMW R 1250 GS, on peut aussi l’appeler simplement « GS ». Inutile de mentionner la marque ou la cylindrée, il faut juste dire « GS », c’est tout ! Une institution. Avoir « sa » GS, s’est posséder un mythe qui truste depuis de nombreuses années le podium des meilleures ventes de moto en Belgique. La GS et sa déclinaison Adventure représentent 5 % du marché des deux roues, soit plus de 1000 ventes par an chez nous.

C’est la toute nouvelle version, bardée de ses coffres et sacs de voyage, qui nous a offert le ticket pour les Vosges.
Notre itinéraire nous a fait emprunter la E411, histoire de tester le cruise control de la bête. La suspension en position « road » permet de dérouler le bitume, tranquille, à 120 km/h en attendant les premières routes sinueuses. Avec mon mètre nonante, je suis bien assis derrière la bulle. Le réservoir protège les jambes du vent et finalement, les quatre heures de routes sont avalées facilement. En plus, l’écran TFT affiche en couleur de nombreux menus plus utiles les uns que les autres pour passer le temps. Toutes les températures, toutes les distances, la pression des pneus, toutes les infos sur l’itinéraire, il n’y manque rien. Il y a même le profil de la moto. A notre avis, la version suivante fera descendre le GPS sur cet écran. D’autant que BMW fait des tests de vision/aides à la conduite projetées dans le casque.

Arrivé à la Bresse, à 450 kilomètres de Bruxelles, il est temps de faire une bonne pause. L’apéritif local, le « vin de foin » fleure légèrement le coing, le miel et les pommes-poires, un délice équilibré. Et en plus, les locaux sont chaleureux. Chouette entrée en matière. Demain, ca va rouler. D’ailleurs, le patron de l’hôtel « Les Vallées », Hervé Pierrel, nous guidera avec sa GS millésime 1997. Un vrai guide de luxe.
Pour attaquer les 1139 mètres du col de la Schlucht, à côté du Hohneck, uniquement prononçable en alsacien !, on met les réglages moteur et suspension de la GS en position dynamique. La suspension se raidit et les 136 chevaux de la machine se libèrent mieux. Les relances d’un lacet à l’autre s’enroulent onctueusement. Derrière Hervé, l’occasion est belle de comparer les deux motos. La sienne à 20 ans. Moins technologique, elle est aussi moins puissante mais a déjà tous les gènes d’une GS.


Ce modèle a été créé en 1980 par BMW qui voulait offrir une moto routière capable de rouler en tout terrain. D’où son nom de GS pour « Gelände/Straße », « tout terrain/route » en allemand. Renforcé par les victoires au rallye Paris-Dakar de notre compatriote Gaston Rahier au guidon de sa GS de compèt, le succès n’a jamais cessé.

La descente vers Munster nous rappelle que notre 1250 GS est agile comme un félin, même du haut de ses 249 kilos. Parfois, on met un grand coup de gaz pour doubler une voiture sur ces petites routes sinueuses, juste de quoi apprécier le gros freinage qui suit. En toute sécurité, la GS ne se cabre jamais et reste docile sans perdre de sa vigueur. « Je préfère la routes de Crêtes que le Petit Ballon », nous conseille Hervé. Ok, va pour cette route des sommets qui servait au ravitaillement des troupes américaines sur le front tout proche.
De virage en virage, le paysage des hauteurs se dévoile. Les petites montagnes sont douces, arrondies comme des « Ballons » et abreuvées par des lacs de toutes les couleurs. La GS est dans son élément. Il faut savoir que, depuis 40 ans, la pierre angulaire d’une GS, c’est son moteur. Il s’agit d’un moteur bicylindres à plat, ce qui veut dire que les pistons bougent de droite à gauche et pas de haut en bas. D’où les deux « bosses » qui dépassent sur les côtés de la moto. Sur quatre roues, il faut aller voir chez Subaru ou chez Porsche pour trouver une telle solution. En voiture ou à moto, ces moteurs à plat donnent une sonorité bien particulière identifiable sans erreur à l’approche d’une GS. Cela lui garantit aussi un couple important de 143 Nm à 6250 tours/min pour 1254 cm3 de cylindrée.

La GS bondit donc avec souplesse dans les lacets comme les Vosges s’arrondissent en Ballons sauvages. On enroule les courbes comme si on skiait sur les pistes de ski voisines.


Avant de rentrer, il faut absolument s’arrêter chez les Schickel, à la ferme de la Huus, pour manger un gargantuesque repas « marcaire » typiquement vosgien devant une vue imprenable sur l’Alsace. Belle authenticité, gage de beaux souvenirs dans ce pays chaleureux dédié aux motards.
Yves Merens
- Skoda Enyaq iV, convaincante et basée sur du solide - 28 septembre 2021
- Essai Kia Stinger GT : berline de chasse méconnue? - 10 juillet 2021
- ID.3 : l’arbre qui cache la forêt - 10 mars 2021